En présentant les vœux de la Direction en charge de la Coordination des Politiques Sportives (DPS) de l’INSEP à l’ensemble des lecteurs de Perf’ infos en ce début d’année 2012, si importante pour le sport français, nous ne pouvons résister à reprendre ce titre d’un essai de Jean Monod, biologiste, prix Nobel en 1965 :
« Tout ce qui existe dans l'univers est le fruit du hasard et de la nécessité »
Cette phrase que Jean Monod attribue à Démocrite nous invite à poursuivre nos interrogations, nos investigations sur les modèles d’analyse du sport de haut niveau.
Nous constatons, en effet, chaque jour, chez les athlètes, dans nos contacts, dans les prises de parole, et souvent dans les actes de l’encadrement du sport français que ce mot « Gagner » peut inquiéter, et qu’il importe de comprendre cette inquiétude, au moment d’énoncer une ambition, voire une stratégie et les projets qui en découlent.Se trouvent confrontés deux termes apparemment opposés que sont le « hasard » dans l’émergence du(de la) champion(ne) et la « nécessité »d’une politique pour viser à transformer, collectivement, une culture.Ne négligeons pas cette part de hasard dans ce qui conduit la rencontre d’un enfant, d’une famille avec une activité, avec d’autres enfants la pratiquant, et avec les éducateurs(trices) qui ont la responsabilité de l’enseigner.
Que se passe-t-il alors dans l’émergence du désir de poursuivre l’aventure et que, chemin faisant, s’élabore ce que nous nommerons finalement une carrière ? Il y a, là, matière à études, recherches, hypothèses pour tenter de comprendre ces processus et rompre avec ces idées a priori qui affirment que l’on naît champion(ne), que l’on sait ce que sera le terme de cette lente construction et que, finalement, il suffit de « détecter » cette « pépite » pour, ensuite, la préparer à suivre le chemin qui est connu pour parvenir au sommet.
Nous demeurons convaincus qu’il n’est pas nécessaire de résoudre ce paradoxe apparent entre la nécessité de fixer des objectifs généraux à l’ambition olympique ou paralympique, et celle essentielle du respect des histoires individuelles et ambitions personnelles ou collectives. Gagner est alors davantage un état d’esprit, une attitude qui préside au chemin qui conduit vers le résultat que le résultat lui-même. Gagner le premier point au tennis, gagner ses duels en foot ou rugby, gagner sa série en athlétisme ou natation, autant de moments essentiels nécessaires à la poursuite du chemin.Evoluer dans un bain culturel qui valorise cette envie-là, dans le respect des singularités, est nécessaire à la confiance à l’expression aboutie de chacun(e), en valorisant davantage les qualités et les atouts que les manques ou les défauts.
Gagner devient bien la concrétisation du projet porté par celui ou celle qui le conduit et que nous devons accompagner et responsabiliser.C’est dans cet esprit que chaque détail, chaque élément du projet de l’athlète, chaque rôle et fonction au sein des staffs prennent une importance considérable dans l’organisation mise en place sur l’événement.
Dans cette période qui va nous conduire vers Londres, le dialogue, la réactivité, la sérénité entre l’ensemble des acteurs du projet olympique s’imposent comme quelques règles simples à respecter.Quoi qu’il arrive, l’histoire est belle.
Bonne année à tous.
Claude FAUQUET
Directeur Général Adjoint en charge
de la Coordination des Politiques Sportives
de l'INSEP